La négation peut concerner tout type de phrase (déclarative, interrogative, exclamative, injonctive).
Elle repose sur des mots spécifiques : les mots négatifs.
LA NÉGATION TOTALE
La négation totale porte sur la phrase entière (elle indique que la totalité de la phrase est fausse) :
Il ne pleut pas. (il est faux qu’il pleuve)
LES MOTS NÉGATIFS DANS LA NÉGATION TOTALE
Système corrélatif**
La négation totale est exprimée par une corrélation* qui encadre le verbe complet :
ne … pas / n’ … pas
ne … point / n’ ... point
(l’adverbe “point” est peu utilisé : c’est un mot de vieux français)
Louisa n’aime pas les oranges.
Nous ne sommes pas encore arrivés.
*Corrélation :
Relation établie entre deux mots grammaticaux séparés mais qui fonctionnent ensemble.
*Système corrélatif :
Système qui met deux mots grammaticaux en relation de dépendance mutuelle pour assurer une liaison entre deux membres d’une phrase.
LA NÉGATION PARTIELLE
La négation partielle porte uniquement sur une partie de la phrase.
Elle indique qu’une partie seulement de la phrase est fausse :
Rien ne me fera changer d’avis.
LES MOTS NÉGATIFS DANS LA NÉGATION PARTIELLE
Système corrélatif**
La négation partielle est exprimée par une corrélation* :
le premier élément est l’adverbe ne, n’
le second élément est :
-
un adverbe : jamais, plus, guère, (pas)
-
un pronom indéfini : personne, rien, nul, aucun
-
un déterminant indéfini : aucun, nul
-
une locution adverbiale : nulle part
Ces mots négatifs peuvent parfois se cumuler :
Personne n’a jamais vu d’extra-terrestre.
Pas de corrélation*
Devant un infinitif
→ les adverbes ne pas, ne plus, ne jamais sont placés devant l'infinitif :
Emporte ton parapluie pour ne pas être mouillé.
Quand la négation partielle porte sur le sujet
→ les mots négatifs “personne, rien, aucun, nul” précèdent en général l’adverbe ne :
Rien n’a été fait pour arranger la situation. (qu’est-ce qui a été fait ? Rien)
LA PLACE DES MOTS NÉGATIFS DANS LA NÉGATION PARTIELLE
La corrélation peut encadrer le verbe complet
Je n’ai vu personne.
La corrélation peut encadrer le verbe et certains de ses compléments (pronoms personnels conjoints***)
-
Forme simple :
Tu ne le croiras jamais !
-
Forme composée (la corrélation encadre l’auxiliaire mais pas le participe passé) :
Tu ne m’as pas cru.
Dans le cas de la locution “pour que”
→ La négation “ne pas/ne plus” encadre le verbe de la proposition subordonnée :
Je vais faire le plein d’essence pour que nous ne tombions pas en panne.
*Corrélation :
relation établie entre deux mots grammaticaux séparés mais qui fonctionnent ensemble.
**Système corrélatif :
système qui met deux termes en relation de dépendance mutuelle pour assurer une liaison entre deux membres d’une phrase.
***Pronoms personnels conjoints :
non séparés du verbe ou seulement par l’adverbe de négation “ne”.
La négation partielle peut être exprimée par les adverbes ne … pas ou ne … point :
Je ne vais pas acheter de viande.
CAS PARTICULIER DE NÉGATIONS
LA NÉGATION RESTRICTIVE “ne … que” (cas particulier de négation)
Elle aboutit à une idée positive.
Elle a le sens de l’adverbe “seulement”.
ne … que = seulement.
Cet été, nous ne ferons que de la randonnée. (Cet été, nous ferons seulement de la randonnée)
La négation restrictive est annulée avec “ne … pas que”
Elle aboutit également à une idée positive
Elle a le sens de l’adverbe “aussi” :
ne … pas que = aussi.
Cet été, nous ne ferons pas que de la randonnée. (Cet été, nous ferons aussi d’autres activités.)
LA NÉGATION ALTERNATIVE (les emplois de “ni”) (cas particulier de négation)
Elle est souvent répétée devant les mots ou groupes de mots coordonnées.
La conjonction de coordination “ni” s’emploie en corrélation avec l’adverbe “ne”
ne/n’ … ni … ni … ni
Il n’aime ni la pluie ni la neige.
Dans ce cas, l’accord du verbe au pluriel est fréquent :
Ni la pluie, ni le vent, ni la neige, ne m'arrêteront.
LA DOUBLE NÉGATION (cas particulier de négation)
La double négation équivaut toujours à une affirmation renforcée
Tu ne peux pas ne pas connaître ce roman. = Tu connais forcément ce roman.
LES EMPLOIS DE L’ADVERBE “non” (cas particulier de négation)
Il peut être employé seul pour indiquer que la phrase entière est fausse
C’est un mot-phrase :
Est-ce qu’il reste des places pour le concert. Non.
Il peut être juxtaposé à une phrase ordinaire pour indiquer que la phrase entière est fausse
Est-ce qu’il reste des places pour le concert. Non, il n’en reste aucune.
Il peut servir à exclure un élément juxtaposé ou coordonné
Le spectacle a lieu ce soir et non demain.
Il peut servir de préfixe (il n’est alors plus adverbe)
La non-violence.
LE “ne” EXPLÉTIF (cas particulier de négation)
L’adverbe “ne” est employé seul.
Dans certaines propositions subordonnées.
L’adverbe “ne” n’a pas une valeur négative pleine et peut être supprimé :
Je crains qu’il ne soit trop tard. (Je crains qu’il soit trop tard)
ELLIPSE DE L’ADVERBE “pas” (cas particulier de négation)
L’adverbe “ne” est employé seul.
L’adverbe “ne” peut avoir une valeur négative pleine :
Dans certaines expressions figées.
N’ayez crainte.
Avec les verbes “oser”, “pouvoir”, “savoir”:
Elle n’ose vous le dire.
Tu ne peux me faire un tel affront.
ELLIPSE DE L’ADVERBE “ne” (cas particulier de négation)
Dans le langage familier :
Je vais pas au marché ce matin.
LA VOIX PASSIVE
Phrase à la voix active :
Le petit garçon lance le ballon.
Phrase à la voix passive :
Le ballon est lancé par le petit garçon.
La phrase passive est obtenue par transformation de la phrase active correspondante.
Le verbe se met à la voix passive.
Le sujet de la phrase active est changé en complément d’agent.
Le COD de la phrase active est changé en sujet.
L’auxiliaire est au même temps et au même mode que la forme conjuguée du verbe actif.
Le passif est une forme composée particulière :
Auxiliaire “être” + participe passé
VERBES POUVANT ÊTRE MIS A LA VOIX PASSIVE
Les verbes transitifs directs (construits avec un COD)
Sauf : avoir, comporter (qui sont sans passif)
Les ouvriers agricoles cueillent les pommes.
→ Les pommes sont cueillies par les ouvriers agricoles.
Quelques verbes transitifs indirects
(parce qu’ils se construisaient autrefois avec un COD)
Il est obéi de ses hommes par la crainte qu’il inspire.
LE COMPLÉMENT D’AGENT
Il fait partie du groupe verbal.
Il correspond, dans la phrase passive, au sujet de la phrase active.
Il prend la forme :
-
d’un groupe prépositionnel introduit par la préposition “par” :
Les légumes sont cultivés par le jardinier.
-
ou d’un groupe prépositionnel introduit par la préposition “de” :
(avec les verbes de sentiment ou avec des constructions indiquant le résultat de l’action)
Le lierre recouvre le mur. → Le mur de l’allée est recouvert de lierre. (indication d’un résultat)
Tous apprécient son sérieux. → Son sérieux est apprécié de tous. (verbe de sentiment)
Le complément d’agent n’est pas toujours exprimé :
Son sérieux est apprécié.
Construction d’un verbe ayant pour sujet, le pronom impersonnel “il”.
“il” ne renvoie à rien de précis (ni un personne ni une chose).
“il” ne peut être remplacé par un autre mot ou par un groupe de mots.
Il faut de l’expérience pour mener à bien ce projet.
LES VERBES IMPERSONNELS
Les verbes impersonnels sont employés uniquement avec le sujet impersonnel “il”.
Verbes ou locutions évoquant le temps qu’il fait
Il pleut. Il tonne.
Un verbe météorologique en emploi figuré peut parfois recevoir :
-
un vrai sujet :
Les compliments pleuvent.
-
un complément :
Il pleut des compliments.
Présentatifs “il est”, “il y a”*
Il y a des nuages dans le ciel.
Verbes ou locutions verbales "falloir", “être question de”, “en aller ainsi”
Il faudrait un peu plus de temps. Il est question d’arrêter de fabriquer des bouteilles en plastique.
Ces verbes impersonnels introduisent parfois des compléments (qui ne sont pas de véritables complets d’objet) :
-
compléments directs (sans préposition) :
Imagine la patience qu’il a fallu.
-
compléments indirects (avec préposition) :
Il s’agit de ton avenir !
Le participe passé de “falloir” ne s’accorde pas avec le complément placé avant :
Imagine un peu la patience qu’il a fallu pour faire cette prouesse !
LES CONSTRUCTIONS IMPERSONNELLES
La construction impersonnelle associe le sujet impersonnel “il” à un verbe connaissant des emplois personnels.
Elle résulte toujours d’une transformation :
La pluie est tombée. → Il est tombé beaucoup de pluie.
SÉQUENCE D’UNE CONSTRUCTION IMPERSONNELLE
Groupe de mot :
-
qui suit le verbe dans une phrase impersonnelle ;
-
et qui correspond au sujet dans la phrase personnelle.
Il est tombé beaucoup de pluie.
La transformation impersonnelle rend parfois possible la mise au passif de certains verbes transitifs indirects :
Nous répondrons à votre courrier. → Il sera répondu à votre courrier.
Sujet réel apparent :
La grammaire traditionnelle considérait le sujet impersonnel “il” comme un sujet apparent mais “il” est le seul sujet grammatical de la phrase impersonnelle puisqu'il transmet ses marques de personne et de nombre au verbe.
Sujet réel et sujet apparent sont donc des notions qui ont été abandonnées.
Mise en relief d’un élément de la phrase.
Deux types d’emphases :
-
l’extraction ;
-
la dislocation.
L’EXTRACTION
L’extraction extrait un élément de la phrase et le met en relief au moyen d’un présentatif.
C’est toi qui…
L'élément qui est extrait s’oppose à d’autres éléments qu’on peut expliciter.
L’extraction a, donc, implicitement, une valeur négative.
C’est moi qui prépare le repas. (ce n’est pas quelqu’un d’autre)
Le pronom personnel passe à la forme disjointe (séparé du verbe) quand il est extrait.
COMMENT ANALYSER L’EXTRACTION
L’élément extrait constitue le propos de l’énoncé, c’est-à-dire l’information nouvelle.
Le reste de l’énoncé constitue le thème.
LES FORMES D’EXTRACTION
C’est … qui ; c’est … que
C’est toi qui as rapporté le ballon.
Formes particulières d’extraction
Voici … que ; voilà … que
Cette extraction s’accompagne de la disparition de la préposition “depuis”.
Voici deux heures que j’attends. (j’attends depuis deux heures)
Il y a … qui ; il y a … que ; il n’y a ... qui ; il n’y a … que
Il n’y a que cette solution qui convienne.
LES ÉLÉMENTS MIS EN RELIEF PAR L’EXTRACTION
Eléments mis en relief par “c’est … qui”
Sujet :
C’est l’équipe de Clermont qui a gagné.
Eléments mis en relief par “c’est … que”
COD :
C’est ce pull que Zoé a acheté à Londres.
C’est cet auteur qui a le plus de succès.
COI :
C’est au directeur que vous devriez écrire.
Complément du verbe impersonnel :
C’est du sel qu’il me faut.
Complément circonstanciel :
C’est à Londres que Zoé a acheté ce pull.
Complément essentiel de lieu :
C’est à la piscine que nous irons demain.
Élément mis en relief par “voilà … que, voici … que, il y a … que”
Complément circonstanciel de temps :
Voilà trois heures que j’attends.
Il y a trois heures que j’attends.
Eléments mis en relief par “il n’y a que ... qui”, “il n’y a que … que”, “c’est … qui”, “c’est … que”
Sujet :
Il n’y a qu’Emilie qui sache chanter.
Complément circonstanciel de temps :
Il n’y a qu’en été qu’elle se sente bien.
COD :
Il n’y a que les cerises que j’aie réussi à vendre.
Il n’y a que toi que je connaisse ici.
COI,
etc.
LA DISLOCATION
Elle est réservée au langage familier.
La dislocation détache un élément et le reprend ou l’annonce par un pronom personnel ou démonstratif.
L’élément détaché est mobile dans la phrase.
Le pronom anaphorique rappelle le mot ou le groupe de mots placé avant lui :
Son travail, Zoé le fera plus tard.
Le pronom cataphorique annonce le mot ou le groupe de mots placé après lui :
Zoé le fera plus tard, son travail.
COMMENT ANALYSER LA DISLOCATION
L'élément détaché a simplement valeur de rappel et constitue le thème de l’énoncé.
Le reste de la phrase constitue le thème.
Fonctions de l’élément détaché
Complément détaché par dislocation (il a valeur de rappel : il relève du thème de l’énoncé).
Fonctions du pronom personnel ou démonstratif
Sujet, COD, COI, etc.
LES ÉLÉMENTS SUR LESQUELS PEUT PORTER LA DISLOCATION
Sujet
Le vent, il souffle fort aujourd’hui. (le vent souffle fort aujourd’hui)
COD
La cueillette, nous la ferons plus tard. (nous ferons la cueillette plus tard)
LES ÉLÉMENTS DÉTACHÉS PAR DISLOCATION
Un nom ou un groupe nominal
La musique, ça les passionne. (la musique les passionne)
Un groupe prépositionnel
Je lui ai répondu, à Pauline. (J’ai répondu à Pauline.)
Un pronom ou un groupe pronominal
Moi, j’ai terminé mon travail. (J’ai terminé mon travail.)
Un infinitif
Se lever plus tôt, c’est la seule solution. (Se lever plus tôt est la seule solution.)
Un adjectif
Doué, vous l’êtes ! (vous êtes doué)
Une proposition subordonnée complétive conjonctive